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L'évitement émotionnel : comment y remédier ?

Dernière mise à jour : 9 oct. 2023



J'ai récemment découvert l'excellent livre Eloge de la lucidité d'Ilios Kotsou. Un livre que je ne peux que vous recommander tellement il est riche d'enseignements plein de bon sens, documentés, simples à comprendre et appréhender. Dans notre gestion émotionnelle, ses mots ont fait écho à ce que j'ai envie de vous partager, et plutôt que de paraphraser sa pensée, je vous en livre un extrait.


L'évitement de nos émotions, au lieu de nous mener à mieux vivre notre vie, réduit nos possibilités, nos choix et notre qualité de vie. Nous devenons prisonniers des stratégies de contrôle (...) La répétition des efforts pour contrôler nos émotions et sensations nous expose à développer une sensibilité accrue à ces mêmes expériences et mène à leur intensification. Malheureusement, ces stratégies ont souvent un effet positif court terme et nous nous persuadons ainsi que si nous n'avions pas mis en place cette méthode d'évitement (par exemple l'alcool, les médicaments, la nourriture), le pire ce serait produit. Nous en arrivons à avoir peur de notre propre peur. Ce mécanisme agit comme un renforcement négatif. Nous avons donc de plus en plus de chance de répéter un même comportement si nous avons l'impression, à tort ou à raison, qu'il nous évitera des sensations désagréables. (...)

Cet extrait apporte un réel éclairage sur nos comportements et notamment celui de l'évitement de nos sensations. On dit souvent qu'il faut aller chercher la réponse à l'intérieur de nous et non des solutions qui nous sont extérieures. C'est facile à dire et moins facile à faire, car nous n'avons pas appris. Ce qui pose problème dans ces comportements, c'est la réaction en chaîne qui enclenche un cercle vicieux dont il est parfois difficile de sortir.


La douleur est incontournable, la souffrance est optionnelle" rajoute l'auteur, en citant l'écrivain Haruki Murakami. "La douleur est une expérience qui fait partie intégrante de la vie, elle est même absolument nécessaire pour survivre. C'est ce qui nous fait prendre conscience du danger de mettre la main dans le feu et nous apprend à prendre soin de nous. La souffrance est constituée de la douleur à laquelle s'ajoutent le jugement et le refus de cette douleur. Elle se manifeste souvent par des pensées et des ruminations du type : "Ce n'est pas juste" ou "Que va-t-il m'arriver ?" ou "C'est impossible, jamais je ne tiendrai". La souffrance n'est pas nécessaire à notre survie, elle nous empêche au contraire de bien vivre. La souffrance maximise l'inconfort jusqu'à le rendre intolérable. Un mal de tête ou de dents peut être très douloureux, mais toute notre résistance contre cette douleur le rend encore plus insupportable.

Quand on lit ça, je trouve que d'un coup, ça fait du bien. Oui, il est normal de ressentir un tas de sentiments inconfortables. Et oui, si je cherche à y résister ou à le solutionner, il est normal que les choses s'empirent et durent.

Quand on se sent envahir par une émotion, plutôt que de faire l'autruche ou de se trouver quelque chose à faire pour la fuir, l'idée est de prendre un peu de temps pour l'accueillir et se laisser traverser. Cela peut paraître étonnant, mais en adoptant cette hygiène émotionnelle, on ne stocke plus ces émotions (le corps a une incroyable mémoire, ne le sous-estimez pas !!) qui ne feront que nous traverser. L'émotion prendra moins de place, moins longtemps : l'impact sera minimisé dans le temps et vous pourrez passer à autre chose, en conscience.



Alors comment faire ?


Je vous propose cet exercice que j'ai eu l'occasion de pratiquer dans une formation.

Lisez les consignes une première fois avant de démarrer (quitte à les enregistrer en audio sur votre téléphone pour vous laisser guider ensuite, les yeux fermés).


- Prenez quelques minutes pour vous poser et renouer avec une situation que vous vivez en ce moment, qui n'est pas fluide pour vous.

Ressentez où cela se passe dans votre corps, sans chercher à solutionner le pourquoi du comment : la gorge ? Le ventre ? La nuque ? Un peu partout ?

Puis, nommez comment vous vous sentez (stressé.e, inquiet.e, énervé.e, triste, jaloux/se, seul.e, apeuré.e, ...).

Exemple : je sens que je suis en colère à cause d'une remarque, j'ai chaud aux joues et je sens que ça chauffe dans le ventre mais aussi que ma gorge est nouée.


- Fermez les yeux, respirez profondément, et prononcez à voix haute : "je suis ....(+ adjectif de l'émotion en question)". A nouveau, ressentez où cela se trouve dans votre corps.

Exemple : je suis en colère.


- Une fois que vous êtes connectés à ça, modifiez la phrase : "Quelque chose en moi se sent...". Ressentez où cela se situe.

Exemple : Quelque chose en moi se sent en colère.


- Enfin, ajoutez : "Je ressens quelque chose en moi qui se sent..."

Exemple : Je ressens quelque chose en moi qui se sent en colère.


Reconnaissez simplement que l'émotion est là, redonnez lui sa place, toute sa place, mais rien que sa place. Elle n'occupe déjà plus tout l'espace. Respirez profondément. Et la voilà déjà bien plus petite ou légère.


A réitérer à chaque fois que nécessaire !

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