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Photo du rédacteurEstelle Basquin

Le coaching : pourquoi les entrepreneurs le recommandent ? On vous raconte !

Ce matin (3 mars 2020), nous étions réunis chez SAP.io pour témoigner autour des bénéfices de l’accompagnement et du coaching, comprendre les freins, les blocages à sauter le pas, les sujets récurrents et les besoins que rencontrent les entrepreneurs, comment ils se l’approprient, évoluent, et le transmettent ensuite dans leur entreprise.



Il y a beaucoup de besoins, on voit de plus en plus émerger le sujet de l’accompagnement, mais…le pas n’est pas toujours facile à sauter. Pourquoi ? Qu’est-ce qui bloque ?

Un constat partagé, c’est que le sujet des “soft skills” et de la connaissance de soi ne fait pas ou encore trop peu partie de notre éducation. Autant nous sommes outillés sur les sujets techniques, les “hard skills”, et il est facile de s’entourer d’experts ou de personnes compétentes sur le sujet, en revanche quand il s’agit de travailler sur soi et d’accepter ses limites, c’est une autre histoire.

Il y a un pas à faire à partir du moment où on ne sait plus vers qui se tourner pour débloquer un sujet plus personnel, une situation qui nous pose problème, en étant conscient que le sujet part et parle de soi : de qui je suis, de mes valeurs, de comment je fonctionne, de mes limites, de ce que j’aime réellement, et ce dont j’ai envie. Cette prise de conscience est souvent le point de départ d’un accompagnement.

Sauter ce pas, c’est finalement choisir un véhicule pour devenir une meilleure version de soi-même, évoluer, pour pouvoir donner mieux à son projet.

Dans le milieu entrepreneurial, il y a clairement un manque de communication et de sensibilisation autour de ces sujets et des enjeux qu’il y a derrière, pourtant bien plus simples à comprendre et constater après-coup : les tensions entre associés, les problèmes de communication, les crises humaines (séparation d’associés, turnover dans les équipes, ….), le burn-out de l’entrepreneur, tous ces états qui impactent non seulement l’entrepreneur d’un point de vue personnel, et aussi son travail, l’entreprise, et les interactions qu’il y a entre les deux, et au final, peuvent mener à l’échec de l’entreprise. Prendre le temps d’intégrer la dimension humaine est donc un message à diffuser auprès d’un maximum d’entrepreneur.e.s, quand bien même c’est un investissement, en temps et financier (mais qui dit investissement dit fructification visée !).

C’est une matière à part entière dans l’entreprise, il est nécessaire de lui créer une place, au même titre qu’on en crée naturellement pour le marketing, le produit, la technique, le business etc..

Il faut démocratiser ce sujet et être conscient que prendre en compte ces enjeux humains à partir du moment où l’on en ressent le besoin, en le partageant, en demandant conseil auprès de ses proches pour trouver la personne qu’il nous faut, devient en réalité nécessaire et saine. Et surtout, qu’il n’y a pas grand chose à perdre à essayer.

Le fait d’avoir été ou d’être accompagné sur la dimension humaine devrait être un critère de sélection des investisseurs.

Quels bénéfices avez-vous tiré de vos expériences relatives ? A quoi on reconnaît que ça marche ? Comment en “mesurer le ROI” ?

Pour l’un, les 3 à 8h mensuelles consacrées à cet accompagnement sont les heures les plus productives de sa dernière année, lui permettant de gagner en clarté, en prise de décision, de “larguer ces boulets sous-jacents qui prennent au fond beaucoup de place”, surtout quand ça touche à des sujets omniprésents comme la façon de communiquer, étant donné qu’on est en interaction permanente. Les résultats sont visibles, de manière personnelle, mais se mesurent aussi aux retours des membres de l’équipe, et à la sérénité gagnée, à la fluidité pour aborder ces sujets qui sont passés de “tabou” à “parlons-en”. L’une des prises de conscience impactante a eu lieu grâce à un simple exercice de projection, utilisé pour questionner l’ambition de cet entrepreneur pour son projet. Et en redescendant les étapes, la confronter à la réalité, reprendre les bases, solidifier les acquis et ainsi éclairer des prises de décision stratégiques.

Entre la théorie fantasmée et la réalité qui nous correspond et avec laquelle on a envie d’être aligné, il y a un gap. Avec mon associé on se sert aujourd’hui de certains outils pratiques pour ouvrir des discussions sur des sujets que l’on aurait pas nécessairement abordés comme ça.

Pour l’autre entrepreneur, les bénéfices sont tangibles et concrets : des outils facilitant la compréhension des mécanismes et comportements humains, des actions visibles pour partager les succès de manière collective (un channel dédié sur slack par exemple), des méthodes pour apprendre à mieux communiquer, exprimer ses frustrations, de différentes façons : en individuel, entre associés, avec les équipes. Un mélange de contenus, d’apprentissages, de formats. Et des bénéfices qu’il mesure aux retours des personnes de l’équipe qui en redemandent, au fait que malgré une organisation en remote, personne n’a quitté l’aventure depuis 2 ans, et à la décision prise d’adopter le coaching comme un soft, “on-demand”, sous format d’abonnement mensuel (avec un contrat qui cadre l’ensemble).

On a eu la chance de goûter au coaching grâce à l’incubateur qui nous a accompagné au début, et on s’est vite rendu compte des bienfaits que ça pouvait apporter à la boîte, en alliant des besoins techniques et opérationnels à des sujets autour du bien-être et du développement personnel.


Au fond, y a-t-il un bon moment pour se faire coacher ?

La réponse est unanime : le plus tôt le mieux, pour poser des bases saines entre associés d’une part, et installer le plus rapidement possible une culture d’entreprise, avec ses valeurs, ce qui compte vraiment.

Dans ma pratique, j’observe aujourd’hui 3 types de situations :

  • Les entrepreneurs qui souhaitent poser des bases saines et définir les fondations de leur projet, en explicitant les objectifs, la vision, les ambitions, les valeurs, règles du jeu, et tout ce qui fera l’ADN futur de l’entreprise, permettant ainsi d’avoir entre les mains une boussole qui aide à la prise de décision. C’est l’option idéale.


  • Vient ensuite plus communément le moment où la crise est déjà là, individuelle ou collective, où l’accompagnement consiste d’abord à éteindre le feu, créer les conditions d’écoute et de dialogue, et en cela l’accompagnement peut s’apparenter à de la médiation, pour ensuite travailler sur les sujets et comportements à l’origine de ces crises, de façon individuelle ou collective, entre associés et avec les équipes.


  • Enfin, il y a la demande par anticipation d’une situation déja vécue (situation de stress comme une levée de fonds par exemple), ou parce que l’entrepreneur arrive à un moment-clé de son développement où il a besoin de prendre du recul pour repenser la suite et vérifier son cap, sa posture, et revisiter ses motivations et ambitions.


L’un des entrepreneurs reconnaît qu’il y est arrivé sans doute un peu trop tard, au bout de 2 ans et demi d’activité, à un moment où la remise en question personnelle était nécessaire pour reconnaître des erreurs, les corriger, et continuer à donner le meilleur de lui, pour son propre équilibre, pour son projet et son équipe. Car créer son entreprise et avoir moins d’envie d’aller y travailler, avoir la boule au ventre à l’approche de certains RDVs (internes ou externes), ou encore se retrouver victime de son temps, sont autant de signaux qu’il y a quelque chose de sous-jacent à faire sortir, exprimer, pour ensuite régler, ajuster et (faire) évoluer.

Commencer un travail personnel, le partager avec son ou ses associé.e.s, les embarquer dedans et ensuite le diffuser au sein de ses équipes : autant d’étapes que de preuves de maturité, et contrairement à un sentiment de fragilité encore trop peu assumé, il serait bon de le considérer comme une grande force, nous poussant à évoluer et apprendre, en apportant à son projet le meilleur qu’on puisse donner, tout en prenant conscience que le temps humain est un temps long, et que l’on évolue souvent moins vite que le projet.



“J’ai pas le temps pour m’occuper de ça” est une réaction que l’on observe souvent chez les entrepreneurs. Qu’en pensez-vous ?

Ce rapport au temps est un choix, et si l’on commence à en être victime et le subir, c’est sans doute un signal qu’il y a un travail à faire !

On se fait souvent vite prendre au piège. D’autant qu’il y a cette culture en France de rester tard au bureau, d’être débordé, d’être sur tous les fronts etc..et cela vaut encore plus pour les entrepreneurs, dont l’équilibre pro-perso est assez bousculé, et où la déconnexion peine à (re)prendre sa place, créant de nouvelles sources de stress, d’anxiété, ou de solitude difficiles à régler seul.e. Mais où sont passés les motivations initiales, d’être son propre patron, libre de son temps, d’intégrer le sport dans son emploi du temps, etc…?

Savoir se poser ses limites, savoir faire des pauses, s’aérer l’esprit au sens propre comme figuré, s’accorder des moments OFF, instaurer des gardes-fou et reconnaître quand ces fondamentaux ne sont plus là : voilà une des clés pour arriver à appuyer sur “PAUSE” de temps en temps dans un quotidien qui file à 200km / heure, créer les conditions durables de son énergie, car clairement, “on est pas bons quand on travaille non-stop 6 jours sur 7 sans s’arrêter.” Et oui, l’enjeu derrière, c’est de ne pas exploser en vol. Au fond, prendre du recul pour mieux avancer :)

Merci Didier, Charles, Séverine, et Axel, pour les surprises-goodies !


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